A la Réunion, les
attaques de requin sur l'homme ne sont véritablement recensées que depuis
1980. Avec le rapide développement de nombreuses activités de loisirs
liées à la mer, la fréquence des accidents s'est logiquement accélérée,
soit 27 attaques en vingt-quatre ans, dont 16 mortelles.
UN PREMIER RÉCIT
QUI DATE DE 1913
Avant 1980, la population n'est informée du risque requin qu'au
coup par coup, au rythme des faits divers relatés par la presse.
En 1913 déjà, l'écrivain Henri Cornu nous contait
l'histoire d'un homme dévoré par un squale alors qui se
baignait sur le Barachois, jadis plus accueillant... Les "anciens"
parlent également d'une attaque dont un homme politique aurait
été victime entre les deux guerres, sans vraiment plus
de précision. Beaucoup pus récemment, en 1974 et 1979,
d'autres cas sont relatés avec plus de précisions. A partir
de 1980, la Réunion du tourisme et des loisirs nautiques prend
son envol. Des hôtels poussent un peu partout sur la côte.
Sur les vagues, le nombre des planches de surf et de fun board se multiplient
rapidement. La plongée, la chasse sous-marine et tous les sports
nautiques drainent à l'eau une importante population de touristes,
de métropolitains et d'autochtones qui vivent de moins en moins
"le dos tourné à la mer". Inévitablement
et presque mathématiquement, la fréquence des attaques
s'intensifie. Le 24 novembre 1980, un jeune chasseur sous-marin de 22
ans se fait mordre à deux reprises par un requin pointe-blanche
du côté de Grand-Anse. Cet accident marque le début
d'une longue série à laquelle les "harponneurs de
la mer" paieront, au passage, un lourd tribut (cinq attaques).
Il apparaît clairement que les poissons harponnés et imprudemment
attachés à la ceinture des chasseurs favorisent un comportement
agressif chez le squale. Contrairement à la pêche sous-marine,
la plongée en bouteille, activée phare du "tourisme
bleu" à la Réunion, ne semble pas susciter l'intérêt
des requins. A ce jour, les études ne recensent pas d'attaque
sur le secteur de la "plongée loisir". Par contre,
des témoignages font état de deux attaques "éclair"
et sans gravité (palme sectionnée) sur des plongeurs professionnels
travaillant par au moins cinquante mètres de fond (l'une à
Saint-Paul, l'autre à Saint-Benoît).
LE SURF EN PREMIÈRE
LIGNE
Autre grandes victimes des requins, le surfeurs - y compris wind-surfeurs
et bodyboardeurs- dont l'apparition massive sur les spots date du milieu
des années 80. Ainsi, 11 des 27 attaques les concernent, le plus
souvent des accidents mortels ou très graves. Il apparaît,
presque dans tous les cas, que le requin confonde ses victimes avec
ses proies naturelles que sont les phoques ou les tortues, à
cause de la forme des planches notamment (vue de dessous, l'illusion
est parfaite). Ce sont, le plus souvent, des attaques dites "alimentaires"
et donc sans grand salut pour les malheureuses victimes... Détail
important, la plupart des attaques se déroulent sur des surfeurs
ayant à la base commis une (ou plusieurs) imprudence, comme celle
de surfer seul (le requin sera plus tenté d'attaquer une proie
isolée). Surfer dans des eaux troubles ou saumâtres, à
l'embouchure d'une ravine ou après de très fortes pluies
multiplie les risques d'attaques. Evitez, également, de surfer
en dehors des spots "officiels", puisqu'aucun accident n'est
survenu à ce jour sur les sites de surf de Boucan, de Saint-Leu,
de Saint-Gilles, des Aigrettes, de Trois-Bassins ou de l'Hermitage,
même si des requins sont parfois aperçus sur ces deux derniers
spots. Les accidents arrivent généralement sur des spots
"sales". Dans des eaux troubles et sablonneuses, le requin
sait qu'il est plus fort (sens hyper développés) que ses
proies et qu'il multiplie ses chances de succès en cas d'attaque.
NAGEURS IMPRUDENTS
Dernière catégorie de victimes, les nageurs. Dans la plupart
des cas, les baigneurs concernés par des attaques ont également
fait preuve d'imprudence en nageant à la sortie de ravines ou
dans des endroits où la baignade n'est pas surveillée,
entre Saint-Leu et Saint-Pierre par exemple, même si la côte
offre des petites criques et bassins naturels accueillants. Sur les
plages de sable blanc de la côte Ouest (les seules véritablement
touristiques), aucune attaque n'a été à ce jour
recensée. Cependant, le risque zéro n'existe nulle part,
excepté dans le lagon de l'Hermitage peut-être, en tout
cas loin de la passe. Compte tenu du manque d'information officielle
et précise sur le risque requin à la Réunion, notamment
dans les zones réputées dangereuses (panneaux de mise
en garde, interdiction...), la prudence reste de mise. Il convient ainsi
d'éviter les bains à l'aube ou tard le soir, ainsi que
les eaux troubles et les zones non surveillées.
A raison d'une attaque - voire deux - par an ces dernières années
et si l'on tient compte de la taille de l'île, la Réunion
fait proportionnellement partie des zones du monde ou les attaques de
requin sont les plus fréquentes.
DERNIÈRE
ATTAQUE EN DATE
Le 27 mars 2004, il est aux environs de 17h45 et l'eau est trouble.
Un surfeur est mordu à la cuisse alors qu'il attendait la vague.
Ses camarades le ramèneront au bord où il recevra les
premiers soins prodigués par les pompiers présents sur
le site pour assurer la sécurité d'une compétition
de surf.
LA PREVENTION
Présents dans toutes les mers du monde depuis plus 400 millions
d'années, les requins nageaient autour de l'île bien avant
que l'homme y pose les pieds. Parfaitement adapté à son
milieu, dernier maillon d'une chaîne alimentaire sans faille,
le requin n'est pas "l'affreux mangeur d'homme" qu'on veut
bien nous présenter. Concrètement, il n'attaque l'homme
que par défaut ou par méprise, parce qu'il le confond
tout simplement avec une de ses proies naturelles, un mammifère
marin ou un reptile. Lorsque l'homme nage, plonge, navigue ou surfe,
il n'évolue pas dans son milieu naturel, contrairement au requin.
Il doit donc accepter le fait de s'exposer à un certain nombre
de dangers, comme la noyade, la piqûre ou l'attaque d'un poisson.
Il serait fou de vouloir éliminer tous les requins du monde (c'est
plutôt bien parti puisqu'on en pêche plus de 100 millions
par an), déséquilibrer tout un éco-système
pour notre bien-être. Plus que de miser sur une pêche intensive,
l'installation de lignes ou de filets autour des plages, la prévention
et l'information sur le terrain doivent être prioritaires et généralisées
à la Réunion, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui
Source
clic@noO
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